Producteur de l’ombre mais figure essentielle de la scène heavy moderne, George Lever est l’artisan derrière le son inimitable de Sleep Token — un son à la fois dense, émotionnel, et méticuleusement sculpté. Dans une interview rare et passionnante, il revient sur sa manière de travailler avec le groupe, son approche radicalement émotionnelle de la production musicale, et ses aspirations artistiques parfois inattendues, du metal progressif irlandais à des croisements entre K-pop et metal en passant par l’EDM. Portrait d’un créateur qui repousse sans cesse les limites du genre, entre expérimentation et fidélité à l’instant.
Dans une rare interview donnée au podcast Metal Roundup, George Lever, producteur et mixeur reconnu — notamment pour son travail avec Sleep Token sur leurs premiers projets — partage ses réflexions sur l’évolution de son métier, l’industrie musicale moderne, et les transformations profondes du processus créatif.
Un producteur devenu « résolveur de problèmes »
Lorsqu’on lui demande quel est son rôle exact dans la chaîne de production musicale, George Lever répond sans détour : il est là pour résoudre des problèmes. Cela peut aller de l’écriture à la production, du mixage à l’accompagnement artistique. Son travail s’adapte à chaque projet, chaque groupe. Ce n’est jamais la même chose deux jours de suite.
Avec les années, notamment depuis la pandémie, Lever affirme avoir gagné en clarté sur ses points forts. S’il se définissait autrefois par une multiplicité de casquettes, il se concentre désormais sur ce qu’il peut réellement apporter — et sur ce qu’il ne peut pas changer.
De l’artisanat au téléchargement : la révolution technologique
L’un des points les plus marquants de l’entretien est sa réflexion sur le changement radical dans la manière dont les groupes font de la musique aujourd’hui. Autrefois, il fallait louer un studio pour enregistrer un simple brouillon de chanson. Désormais, la majorité des musiciens commencent seuls, chez eux, avec une interface audio. Cette accessibilité technique a fait exploser la qualité de production dès les premières démos. « Avant, obtenir un bon son de guitare prenait une vie. Aujourd’hui, ça se télécharge. »
Mais cette montée en compétence généralisée cache une nouvelle problématique : la créativité et la qualité d’écriture sont devenues les vrais enjeux. « Avoir un bon son est devenu une évidence. Ce qui compte, c’est : est-ce que la chanson est bonne ? »
L’ère des « moments » : TikTok redéfinit l’écriture
Lever alerte également sur une tendance inquiétante : de plus en plus de groupes ne construisent plus des chansons entières, mais des « moments », pensés spécifiquement pour TikTok. Des extraits de 20 à 30 secondes deviennent viraux… avant même qu’une chanson complète n’existe. Cela génère un intérêt immédiat, mais parfois trompeur : des groupes remplis de followers, sans jamais avoir joué en live, peuvent se retrouver incapables de livrer un projet solide derrière l’extrait accrocheur.
Le producteur cite des exemples d’artistes qui ont booké des tournées… auxquelles personne ne s’est présenté.
Une industrie à deux vitesses
Ce phénomène crée selon lui une industrie musicale à deux vitesses : ceux qui émergent via des formats courts viraux, et ceux qui bâtissent lentement leur art par l’expérience live. L’époque où l’on « était nul pendant des années avant de devenir bon », comme le recommandait Dave Grohl, est révolue faute de lieux de concert locaux.
George Lever, ingénieur du son passionné de batterie
Dans cette deuxième partie de l’interview, George Lever partage sa passion pour l’enregistrement de la batterie, qu’il considère comme une étape cruciale dans la production. Pour lui, le kick et les cymbales définissent respectivement les extrêmes graves et aigus du spectre sonore, tandis que le jeu du batteur dicte l’énergie et la dynamique du morceau. Une bonne performance à la batterie influence directement la narration musicale ; à l’inverse, une mauvaise performance peut rendre l’expérience pénible et conduire à recourir à des batteries programmées.
Fait intéressant : George préfère souvent enregistrer les batteries en dernier, contrairement à la pratique courante. Cette méthode découle souvent de contraintes pratiques (groupes peu préparés, compositions inachevées à l’arrivée en studio) mais elle permet aussi de finaliser les batteries après avoir établi les bases du mixage, dans un environnement maîtrisé. Il décrit cette inversion comme une solution pragmatique à un problème courant plutôt qu’une stratégie artistique.
Son rôle dans l’écriture musicale
Lorsqu’il s’implique dans la création musicale, George évite d’imposer ses idées en premier. Il préfère que les artistes trouvent leurs propres solutions, quitte à proposer une idée seulement en dernier recours. Il explique que chaque personne a sa propre manière de décrire des sensations sonores (par exemple, un artiste a récemment décrit la « grit » non pas comme une distorsion, mais comme une émotion), et que son rôle est alors d’adopter le vocabulaire de l’artiste, plutôt que l’inverse.
Travailler avec Loathe
George revient ensuite sur sa collaboration avec Loathe, notamment sur l’album I Let It In and It Took Everything. Il décrit le groupe comme une « démocratie musicale » dont les décisions prennent du temps mais mènent toujours à la bonne direction. Il avait assisté à une session de préproduction un an avant le mixage de l’album, ce qui lui a permis de mieux comprendre les intentions artistiques individuelles des membres. Cette immersion fut décisive : sans elle, le mixage aurait été complètement différent, voire inadapté. George raconte notamment comment le batteur Sean lui a fait découvrir un univers de sonorités plus « vintage », loin de son esthétique habituelle, ce qui l’a obligé à sortir de sa zone de confort.
Il conclut en affirmant qu’il apprécie profondément cet album non pas parce qu’il l’a produit, mais parce qu’il l’écouterait volontiers même s’il n’y avait pas contribué. Pour lui, c’est le signe qu’un disque est vraiment réussi.
Pourquoi George n’écoute pas les disques sur lesquels il a travaillé ?
George explique qu’une fois un album terminé, il ne le réécoute pas. Ce n’est pas qu’il n’aime pas la musique — au contraire, il est fier des projets réalisés — mais plutôt qu’il associe les morceaux à son expérience personnelle dans la salle de mixage. Il compare ça à « se regarder faire l’amour » : on connaît chaque détail, chaque intention, et cela rend difficile toute écoute détachée ou spontanée.
Il souligne aussi qu’en tant que mixeur, il entend tous les éléments superposés, même ceux que l’auditeur moyen ne perçoit pas. Parfois, il aimerait pouvoir entendre un seul de ces sons isolément, car certains auraient, selon lui, la force de devenir des morceaux à part entière. Il critique ainsi une tendance actuelle : vouloir tout empiler, même les bonnes idées, au risque de produire un résultat indigeste — comme si on mélangeait tous ses plats préférés dans un seul sandwich. Ce qu’il cherche encore, dit-il en plaisantant, c’est le bon équilibre entre pizza et cheesecake.
L’album de Loathe : une remise en question
À la question : « Quel projet t’a mis hors de ta zone de confort ? », George répond sans hésiter : I Let It In and It Took Everything de Loathe. Il admet qu’à l’époque, il était très têtu et pensait avoir toutes les réponses. Travailler avec Loathe l’a obligé à affronter ses propres certitudes. Le groupe avait une vision claire, persistait dans ses choix — parfois contre ses recommandations — et c’est justement cela qui a enrichi le projet.
Il confesse avoir parfois pensé : « Pourquoi on ajuste ça ? À quoi bon ? », mais il reconnaît que cette confrontation a été essentielle pour qu’il comprenne qu’il ne sait pas toujours mieux que les autres. Depuis, il a appris à faire preuve de patience et à accepter qu’il peut se tromper. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout accepter sans discernement, mais qu’il faut savoir repérer les moments où l’ouverture est plus précieuse que l’ego.
L’impact du temps, de la pression… et de TikTok
George évoque ensuite un thème qu’il juge central : la peur de manquer de temps. Beaucoup de jeunes artistes ont l’impression qu’il faut réussir très tôt, sinon c’est trop tard. Il raconte rencontrer souvent des musiciens de 24 ou 25 ans persuadés qu’ils sont déjà « trop vieux ». Lui-même, à presque 39 ans, pense au contraire qu’il est toujours temps de réussir.
Il cite Jared Leto, qui a sorti son premier album à 31 ans, et Morgan Freeman, qui n’a commencé sa carrière d’acteur qu’à 38 ans. Pour lui, ces années ne sont pas perdues : elles servent à se construire, à devenir soi-même avant de produire quelque chose de fort.
Mais cette peur du temps influence la façon de créer. Certains artistes refusent d’expérimenter car « on n’a pas le droit à l’erreur ». Ils veulent tout réussir du premier coup, ce qui est irréaliste. Il estime que le succès vient quand on prend le temps de faire de la musique réellement intéressante — pas juste efficace. Sleep Token, par exemple, n’a pas eu besoin de se montrer partout sur les réseaux sociaux : la musique, seule, a suffi.
Grandir avec la musique
Enfin, George parle d’un rapport complexe à l’attention. Jeune, on veut être vu, être validé. Cela aide à se sentir réel. Mais avec l’âge, le désir de reconnaissance peut laisser place à un besoin de tranquillité. Il avoue à demi-mot en rire : « Aujourd’hui, j’aimerais juste qu’on me foute la paix. »
La « sauce » en production musicale, selon George Lever
George Lever parle d’un concept informel mais essentiel qu’il appelle « the sauce » – cette alchimie unique qui fait qu’un artiste ou un groupe sort du lot. Il explique que, parfois, certains artistes font des choses exceptionnelles sans même s’en rendre compte, car c’est instinctif chez eux. Il donne l’exemple d’une chanteuse avec qui il travaille, qui empile les harmonies vocales façon pop (à la Ariana Grande), une compétence rare dans le métal, mais naturelle pour elle. Pour Lever, ce type de talent instinctif est révélateur : ce qui semble simple pour un artiste, d’autres doivent l’apprendre. Et c’est là que réside « le sauce » – une forme de signature inconsciente.
Comment il écoute Sleep Token aujourd’hui ?
Lever, qui a produit Sundowning et This Place Will Become Your Tomb, dit qu’il écoute rarement les albums sur lesquels il a travaillé. Mais il revisite Sundowning environ une fois par an, en voiture, car il y associe un souvenir personnel fort : il a écouté l’album pour la première fois lors de son tout premier long trajet en voiture, le jour même où il a reçu les masters. Cette écoute est restée gravée comme une expérience marquante.
Ses moments préférés sur Sundowning ?
- La chanson « Higher ».
- Le deuxième couplet de « Blood Sport », qu’il trouve très puissant dans sa livraison vocale.
Découvrir sa propre empreinte à travers l’album Even in Arcadia
Pour la première fois, George Lever a écouté un album de Sleep Token (Even in Arcadia) sans y avoir participé. Il décrit cette expérience comme révélatrice : cela lui a permis de mieux comprendre ce qu’il apportait lui-même au groupe par le passé, ce qui, jusqu’alors, était confondu avec leur identité collective. Il a pu dire « ah, ça, c’est ce que moi j’aurais fait différemment », ou « ça, c’est clairement eux ». Ce recul l’a aidé à identifier ses propres forces en tant que producteur, chose qu’il n’avait jamais pu vraiment discerner jusqu’ici, car leur collaboration avait toujours été fusionnelle.
L’impact de Sleep Token sur sa carrière
Produire Sleep Token a tout changé pour Lever. Avant Sundowning, il travaillait depuis plus de 10 ans sans reconnaissance notable. C’est Sundowning qui a lancé sa carrière auprès des labels et l’a rendu visible comme producteur. Il se souvient très précisément du moment où le groupe a dit devant un représentant de label : « C’est George qui va mixer l’album. » Un moment décisif, qu’il ressent encore avec émotion et une certaine pression : il n’avait pas le droit à l’erreur, car cet album était peut-être sa seule chance.
Il affirme que s’il avait échoué avec Sundowning, il n’aurait pas produit This Place Will Become Your Tomb, ni travaillé avec Loathe ensuite. Ce disque a été le point de départ d’une suite de décisions cruciales dans sa carrière, et l’un des moments les plus marquants de sa vie d’adulte.
De Sundowning à Tomb : entre chance, résilience et introspection
Lorsqu’on lui demande comment se sont passés ses débuts avec Sleep Token, George Lever revient sur cette période fondatrice avec une humilité frappante. Il reconnaît que certains observateurs pourraient y voir de la « chance », mais insiste sur le fait que tout le monde croise des opportunités : encore faut-il être prêt à les saisir. Pour lui, cette rencontre artistique fut moins une chance qu’un alignement de confiance silencieuse et d’exécution sincère : « Je n’avais jamais produit un tel disque, mais au fond de moi, je savais qu’il serait bon. »
Durant Sundowning, Lever confie avoir surtout voulu offrir une expérience positive à ses amis du groupe. Après les efforts et sacrifices qu’ils avaient traversés, il voulait que le projet se déroule sans conflit ni tension : « On avait mérité le droit d’enregistrer cet album. » Loin d’anticiper un succès commercial ou critique, il était dans le moment présent, heureux de construire quelque chose de juste, ensemble.
Mesurer la réussite autrement
Le producteur revient également sur une leçon essentielle transmise par son père. Lorsqu’il se lançait dans l’enregistrement et cherchait comment fixer ses prix, ce dernier lui a simplement demandé : « Est-ce que ça te rend heureux ? » Une question qui a marqué George : « J’ai compris ce jour-là que je pouvais choisir le bonheur, même si ça voulait dire être pauvre. »
Depuis, il suit cet “indicateur interne” hérité de son père : s’il est heureux que la musique existe, alors cela suffit. Il distingue différents types d’artistes : ceux qui veulent créer, ceux qui veulent être vus, ceux qui veulent réussir — et les groupes les plus solides sont souvent un mélange des trois. Ce n’est pas l’ambition qui pose problème, mais ce qu’on est prêt à sacrifier pour la réaliser.
Le choc de This Place Will Become Your Tomb
Contrairement à Sundowning, l’enregistrement de Tomb a été plongé dans le chaos de la pandémie. Le jour où ils ont commencé le travail en studio à Middle Farm, le Royaume-Uni entrait en confinement. Personne ne savait si les concerts reprendraient un jour. L’ambiance était étrange, isolée, marquée par l’incertitude : « C’était l’inverse complet de Sundowning. Nous étions enfermés, et une fois l’album terminé, nous ne nous sommes pas revus pendant plus d’un an. »
Ce contexte donne un relief particulier à l’album, plus introspectif, plus dense émotionnellement. George confie avoir un faible pour « Telomeres », un morceau qu’il décrit comme un croisement entre Sleep Token et Loathe, avec une touche de Deftones : « Je pense que ce morceau est génial, même si beaucoup de gens ne l’aiment pas. » Il cite aussi « Mine », notamment pour sa partie synthé très marquée.
Enfin, une anecdote amusante est évoquée : le mystère des poissons dans le livret de Tomb. Pas de paroles, juste des photos de poissons. Un symbole énigmatique, jamais expliqué, à l’image du groupe.
Sur Take Me Back To Eden : une montée en gamme visuelle et narrative
George Lever : Ce que j’ai le plus remarqué avec Take Me Back To Eden, c’est l’augmentation du soutien marketing. C’était à un niveau supérieur, à la hauteur de l’ambition artistique du groupe.
Le fait que Sleep Token ne montre pas ses visages leur permet d’utiliser d’autres médias pour exprimer leurs chansons. Et là, ils en ont pleinement profité : il y avait un univers visuel à la Dark Souls, des rendus 3D, une atmosphère, un vrai sentiment d’unité.
On n’avait pas eu ça avec Sundowning, ni avec This Place Will Become Your Tomb : à l’époque, ils avaient tenté un clip vidéo conventionnel qui sonnait bizarre, donc ils ont exploré d’autres voies avec Eden. Et cette orientation vers l’art abstrait pour accompagner des émotions complexes semble leur réussir.
J’ai presque fini par attendre avec impatience ces éléments visuels plus que la musique elle-même.
L’intervieweur : En tant que fan, c’était génial de voir un groupe aussi qualitatif avoir enfin les bons moyens de s’exprimer pleinement, au-delà de la musique seule. Ils ont désormais les outils pour ajouter des couches supplémentaires à leur art, et c’est formidable à observer.
Sur Even In Arcadia : un autre espace sonore, une autre dynamique
Intervenant : Tu as écouté le nouvel album ?
George Lever : J’en ai entendu quelques morceaux.
Intervenant : Tu as une impression générale ?
George Lever (souriant) : Oui. [rire gêné, il élude volontairement la réponse directe]
Drew (réacteur YouTube) évoque ensuite sa propre réaction viscérale à Even In Arcadia, une écoute vécue comme une libération émotionnelle intense, presque « animale », qui lui a rappelé pourquoi il avait créé sa chaîne. Il décrit cette musique comme un moment de pur plaisir humain.
Le son change, mais pourquoi ? Les coulisses du mixage moderne
L’intervieweur : Ce nouvel album sonne très différemment, même si c’est le même producteur (Carl Bown). Est-ce un changement technique, artistique ? Ou lié à l’environnement de production ?
George Lever :
Aujourd’hui, avec le mixage, on joue avec peu de choses : essentiellement le volume. Mais ça suffit à changer la manière dont une chanson est perçue émotionnellement.
Autrefois, les consoles analogiques avaient un vrai « son » propre, parce que l’électronique colorait le signal. Maintenant, avec les plugins dans Logic ou Pro Tools, ce sont les traitements (distorsion douce, soft clipping, etc.) qui créent cette coloration.
Résultat : on est devenus très bons pour rendre la musique forte, pleine et excitante — même trop. On appelle ça les loudness wars : la guerre du volume. Et contrairement à ce qu’on croit, elles n’ont jamais cessé — elles ont empiré.
Ce que vous entendez comme une nouvelle « texture » sonore, c’est souvent une accumulation de distorsion, de compression, de choix techniques faits pour que la musique sonne bien sur des écouteurs de mauvaise qualité (genre AirPods).
On atteint une limite où les morceaux risquent de perdre en émotion. Parce que quand tout est fort, tout le temps, plus rien ne respire.
Un exemple : L’album Holy Hell d’Architects était déjà très fort. Le nouveau est encore 5 dB plus fort — c’est énorme. On retire de plus en plus d’espace dynamique, et ça affecte la manière dont on ressent la musique.
Sur la cohérence sonore d’un album :
Oui, les albums peuvent sonner très différemment. Mais ce n’est pas forcément volontaire. Moi, je me contente souvent de réagir à ce que j’ai sous les mains : j’entends un son, je le sculpte, j’essaie de respecter ce que les artistes ont voulu.
Donc si Even In Arcadia sonne différemment, c’est peut-être voulu, ou peut-être juste le fruit des choix faits par ceux qui ont travaillé dessus.
Et ensuite ? Les projets futurs de George Lever
En conclusion de l’interview, George Lever évoque ses projets en cours et ses envies pour l’avenir. Fidèle à lui-même, il admet avec humour qu’il oublie parfois les projets sur lesquels il a travaillé, ne s’en rappelant qu’au moment de leur sortie. Cela s’explique notamment par le temps parfois très long entre la fin de la production et la publication officielle.
Parmi les projets à venir, il mentionne un EP du groupe Chronicle, prévu pour la fin du mois, ainsi qu’un groupe irlandais « très prog », avec des influences proches de Bad Omens. Il travaille aussi sur un projet décrit comme « The Weeknd version metal », un mélange inattendu qui l’enthousiasme particulièrement.
Mais au-delà des projets concrets, George partage deux rêves de crossover encore inexplorés dans sa carrière :
- Un croisement K-pop/metal – Il cite K/DA, un groupe virtuel créé dans l’univers de League of Legends, comme une source d’inspiration : « Il suffit d’imaginer que c’est un groupe de metal, et c’est fait. » Pour lui, ce type de crossover représente une approche audacieuse et innovante du metal contemporain.
- Un croisement EDM/metal – Influencé par Noisia, Foreign Beggars ou encore Manu Le Malin, George aimerait créer un pont entre la complexité rythmique et sonore de l’EDM et la lourdeur du metal. Il rêve d’un projet qui fusionnerait l’énergie de la musique électronique avec l’intensité du metal.
Avant de conclure, il confie avoir écouté Health et Purity Ring en boucle pendant l’enregistrement de Sundowning de Sleep Token – deux groupes qui l’inspirent profondément par leur esthétique sonore singulière.
En explorant les coulisses de la production musicale avec George Lever, on découvre un univers où la créativité n’a pas de frontières. De l’univers intime et mystérieux de Sleep Token aux projets audacieux mêlant K-pop, metal et EDM, Lever incarne une nouvelle génération de producteurs qui façonnent le futur du metal. Sa quête d’innovation et son ouverture aux influences diverses laissent présager des collaborations passionnantes et des sonorités inédites. Restez à l’écoute, car les prochaines sorties promettent de redéfinir les contours de la musique heavy, toujours avec cette touche émotionnelle et immersive qui fait la signature de George Lever.
George Lever et Sleep Token
Processus de production et approche artistique
George Lever décrit le travail avec Sleep Token comme une expérience très minutieuse et réfléchie. La production n’est pas seulement technique, mais aussi profondément artistique : chaque son, chaque texture est pensée pour renforcer l’atmosphère et l’émotion véhiculées par les morceaux. Lever souligne que Vessel, le leader et chanteur du groupe, a une grande maîtrise des harmonies multipartites et des arrangements complexes, ce qui donne une profondeur particulière à la musique.
Collaboration avec Vessel et création sonore
Lever insiste sur la relation de confiance avec Vessel, qui joue la majorité des instruments et supervise l’écriture. Il met en avant la manière dont Vessel travaille les chansons, en combinant à la fois des éléments lourds propres au metal et des passages plus doux, voire introspectifs. Cette dualité se retrouve dans l’équilibre entre puissance et sensibilité qui caractérise Sleep Token.
Patience et temporalité dans la production
Le producteur évoque aussi un aspect parfois méconnu : l’écart important entre la fin d’un enregistrement et la sortie publique de la musique. Cet intervalle, qui peut durer jusqu’à un an, lui permet de prendre du recul et d’apprécier pleinement le travail accompli. Cela explique pourquoi il lui arrive d’oublier certains projets sur lesquels il a travaillé, jusqu’à leur sortie officielle.
Évolution et ambitions futures
Enfin, George Lever parle de l’évolution constante de Sleep Token et de leur volonté de repousser les frontières du genre metal. Le groupe ne se contente pas d’un style classique, mais cherche à intégrer des éléments innovants et à surprendre son public. Lever voit en Sleep Token un projet ambitieux, qui combine technique, émotion et créativité, et annonce que leurs futurs projets continueront à explorer de nouvelles sonorités et combinaisons musicales.
