Sleep Token est un phénomène mystérieux : groupe masqué, univers mystérieux, récit cultuel autour d’une entité nommée Sleep. Mais derrière ce voile, une influence très marquée de la science‑fiction se fait jour, qu’un observateur attentif peut relier à l’album Take Me Back to Eden et aux visuels futuristes comme ceux du clip The Summoning. Cet article explore la façon dont les esthétiques SF et les thèmes dystopiques imprègnent cet univers musical unique.
Un univers visuel et narratif inspiré du futur
Futurisme rituel et codes cryptiques
Avec la campagne de teasing pour Even in Arcadia, Sleep Token a joué sur des motifs architecturaux baroques, gravures et codes mystérieux autour du Shugborough Inscription, reliant art ancien et mystère technologique. Ce recours au code obscur, à l’énigme numérique, rappelle les récits de SF où cryptographie et mysticisme fusionnent.
Aliénation, solitude cosmique, humanité augmentée
Le personnage de Vessel, serviteur d’une entité omniprésente, propose une forme d’aliénation métaphysique, évoquant la solitude cosmique fréquente dans la science‑fiction. Dans Take Me Back to Eden, les thèmes amoureux se mêlent à des récits de transformation identitaire, comme si l’humain était en mutation vers une forme augmentée.

Take Me Back to Eden : entre techno‑culte et dystopie émotionnelle
La trilogie comme triptyque sci‑fi
Sorti en mai 2023, Take Me Back to Eden est présenté comme le troisième volet d’une trilogie qui englobe des récits internes et symboliques, prolongeant l’histoire démarrée avec Sundowning. L’album mêle sonorités variées (metal, ambient, électronique) à des constructions narratives qui pourraient s’apparenter à des mondes dystopiques émotionnels.
Le clip de The Summoning comme microcosme SF
The Summoning, single de l’album, est accompagné de visuels abstraits, contrastés, évoquant une cérémonie ésotérique dans un espace hors du temps. Le clip, très viral début 2023, a contribué à une croissance fulgurante du groupe sur Spotify et YouTube. L’esthétique est hybride, entre rituel et matrice technologique, soulignant une vision dystopique où la musique elle‑même devient un outil de transcendance ou de contrôle.
Les influences déclarées et implicites de la SF
Silence et anonymat : un récit technologique sans visage
Le groupe maintient son anonymat total : Vessel (le chanteur) n’a accordé qu’une seule interview formelle (Metal Hammer, mai 2017), et toutes les communications passent par un langage symbolique. Cette absence de visage évoque les IA ou les entités non humaines omniprésentes dans la SF. Vessel déclare :
« What matters is the music and the message »
Interférences entre métal, electronica, drum & bass, R&B
Dans une interview avec II (batteur), celui‑ci explique que son approche intègre des influences R&B, drum & bass, gospel linear, au sein d’un cadencement syncopé évoquant des pulsations électroniques futures drumeo.com :
« I pay close attention to the vocals and figure out any specific syllables that can benefit from accents on the kit… songs don’t start from a particular drum part »
Ces choix sonores diffusent une sensation d’organique-machinique, à la croisée du corps et de la machine.

Lore et mystère fan-interprété comme récit SF
Les fans sur Reddit ont rassemblé les rares interviews existantes et développé un lore autour de Sleep, entité omnipotente qui serait antérieure et supérieure à l’humain. Comme dans les récits de SF dystopique, les paroles des chansons deviennent des fragments d’un récit plus vaste, explorant la nature humaine, la dépression, et même des concepts extrêmes comme la vorarephilie ou le suicide via des métaphores de contrôle et d’effacement identitaire.
Sleep Token se distingue par une approche artistique qui marie esthétiques futuristes, symbolisme rituel et thèmes dystopiques. Take Me Back to Eden offre un terrain fertile à l’interprétation : entre transhumanisme émotionnel, mysticisme technologique et récit cultuel. Le clip The Summoning en est une icône visuelle — un rituel numérique incarné par le son. Leur silence et leur anonymat renforcent l’aspect « entité hors du temps », propre à la science‑fiction la plus mystérieuse.
Sleep Token propose un univers où la musique sert de passerelle vers des mondes dystopiques intérieurs, oscillant entre rituel sacré, technologie alien, et questionnements sur l’identité humaine augmentée.
