Depuis leurs débuts mystérieux en 2016, Sleep Token n’a cessé d’élargir les frontières de son univers. Après avoir séduit l’Europe et conquis les festivals majeurs, le groupe a franchi un nouveau cap avec sa première tournée d’arénas en tête d’affiche aux États-Unis.
Soutenue par le succès planétaire de Even in Arcadia, la tournée américaine 2025 a marqué une étape décisive dans l’histoire du groupe. Dix-huit dates à travers le pays, un public dévoué et une scénographie d’une ambition rare ont transformé chaque concert en véritable expérience sensorielle. Mais cette grandeur n’a pas été sans obstacles : entre incidents techniques, émotions brutes et imprévus scéniques, le rituel a parfois vacillé — pour mieux rappeler qu’il est avant tout humain.
De l’ombre à l’arène
Avec la sortie de leur quatrième album Even in Arcadia le 9 mai 2025, Sleep Token a entamé une nouvelle ère. Le groupe a porté son univers sur les plus grandes scènes nord-américaines lors d’une tournée d’arénas qui s’est achevée ce 11 octobre. Dix-huit dates à guichets fermés, une production scénique inédite, et un public plus fervent que jamais : la tournée américaine 2025 restera dans les mémoires comme un tournant majeur de l’histoire du groupe.
Cette tournée marque la première véritable conquête du continent américain en tête d’affiche, après une ascension fulgurante alimentée par le succès critique et commercial d’Even in Arcadia – un album qui, selon The Guardian, a propulsé Sleep Token « des profondeurs du mystère à la lumière de l’arène ».
Une scénographie aussi magnifique que redoutable
Le décor de la tournée Even in Arcadia a immédiatement marqué les esprits. Inspiré d’un paysage minéral aux allures d’autel ancien, il évoque à la fois la nature et le sacré : pierres sculptées, escaliers asymétriques, plateformes, et un éclairage sculptant la scène comme un sanctuaire.
Cette ambition visuelle a cependant eu un prix : de nombreux fans ont rapporté sur Reddit que Vessel, III et IV ont connu plusieurs chutes spectaculaires au fil de la tournée. Entre marches glissantes, rochers piégeux et niveaux inégaux, le décor semblait presque animé d’une volonté propre. « La scène en voulait à nos musiciens », plaisante un fan sur le megathread de la tournée. Le contraste entre la perfection rituelle de la mise en scène et ces instants d’imprévu n’a fait que renforcer l’humanité du spectacle.
Les aléas d’une tournée monumentale
Les contraintes techniques d’un tel dispositif se sont également fait sentir. À Greensboro, le concert a été retardé d’environ 1h30 à cause de problèmes techniques majeurs et d’une panne de bus. Les discussions sur Reddit évoquent un climat tendu, aggravé par le comportement intrusif de certains « fans » cherchant à approcher les membres du groupe après leur passage au festival Louder Than Life.
À Cleveland, c’est le rideau d’ouverture qui a donné du fil à retordre à l’équipe technique : mal abaissé, il a interrompu quelques instants l’introduction du set avant de se lever sur une foule en transe. Malgré ces imprévus, la soirée a donné lieu à l’un des moments les plus émouvants de la tournée.
Des instants suspendus
Cleveland — “You Are So Loved”
Durant Infinite Baths, des dizaines de fans ont levé des feuilles de papier vers la scène, portant le message : You are so loved. Vessel, visiblement ému, a interrompu un instant sa gestuelle pour prendre l’une de ces feuilles et la tendre à son tour vers le public. Un moment rare où le masque symbolique de Vessel s’est fissuré, laissant entrevoir toute la fragilité du lien entre le groupe et sa communauté.
Philadelphie — un hommage inattendu
Autre moment marquant : à Philadelphie, Sleep Token a surpris le public avec une reprise de Dancing in the Dark de Bruce Springsteen, insérée juste avant Rain. Un clin d’œil touchant à la ville natale du “Boss”, et une interprétation intimiste qui a rapidement enflammé les réseaux sociaux. (Source : setlist.fm)
Rosemont — “Bad Baddie” confirmé
Le 28 septembre à Rosemont, deux fans ont apporté une pancarte proposant à Vessel de trancher une question brûlante : les paroles de Provider sont-elles “bad baddie” ou “bad body” ? Après un suspense de quelques secondes et un silence quasi religieux, Vessel a levé le pouce vers le ciel pour confirmer : bad baddie. La foule a explosé de rire et d’applaudissements, un rare moment de connivence avec le public.
Les premiers rituels d’Even in Arcadia
Les premiers concerts de la tournée ont révélé plusieurs titres inédits en live : Provider, Infinite Baths ont fait leurs débuts à Duluth, selon LouderSound. Ces morceaux, portés par des arrangements plus organiques et des harmonies vocales amplifiées par la présence d’Espera, ont renforcé la dimension mystique et introspective du show.
Chaque concert était conçu comme un voyage — un “rituel” complet, oscillant entre puissance et recueillement. Les critiques de Static Noise Mag soulignent cette dualité : « Sleep Token transforme la salle en un espace de guérison et de foi sonore, un lieu où la musique devient prière. »
Un rituel imparfait, mais inoubliable
Entre la beauté glaciale de la scénographie, les imprévus techniques, les chutes répétées et les élans d’émotion, la tournée américaine 2025 aura montré Sleep Token sous toutes ses facettes. Ce n’est plus seulement un groupe : c’est une expérience totale, un culte vivant en constante évolution.
Là où certains voyaient une esthétique figée, Even in Arcadia a prouvé que le rituel pouvait aussi vaciller, trébucher et se relever — sans jamais perdre sa force.
Sleep Token quitte l’Amérique plus grand, plus vulnérable, et plus humain que jamais.
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