Paroles de Levitate et traduction

ParolesTraduction

I can lift you up
Your body is mostly blood
Like water, a perfect flood
Engulfing me again, no
And I can tell you won′t
Remember my cracking bones
The trauma we can’t regrow
Just as you leave again, no

Will you levitate?
Up where the angels inhabit
Will you levitate?
Where I won′t reach you

And we imitate
A story of perfect days
A ballad we fabricate
As you forget your words again, no
And is that all you need?
To merely pretend to be
Falling in love with me
Forgetting the agony again, no

Will you levitate?
Up where the angels inhabit
Will you levitate?
Where I won’t reach you


Will you levitate?
Up where my love doesn’t matter
Will you levitate?
Where I won′t reach you

Will you levitate?
Will you levitate?
Will you levitate?

Je peux te soulever
Ton corps est principalement composé de sang
Comme l’eau, un déluge parfait
M’engloutissant à nouveau (oh)
Et je peux te dire que tu ne le feras pas.
Souviens-toi de mes os qui craquent
Le traumatisme que nous ne pouvons pas faire repousser
Juste au moment où tu repars, non

Vas-tu léviter ?
Là où habitent les anges
Vas-tu léviter ?
Là où je ne t’atteindrai pas

Et nous imitons
Une histoire de jours parfaits
Une ballade que nous fabriquons
Comme tu oublies encore tes mots (oh)
Et c’est tout ce dont tu as besoin ?
Faire simplement semblant d’être
Tomber amoureuse de moi
Oublier à nouveau l’agonie (oh)

Vas-tu léviter ?
Là où habitent les anges
Vas-tu léviter ?
Là où je ne t’atteindrai pas

Vas-tu léviter ?
Là où mon amour n’a pas d’importance
Vas-tu léviter ?
Là où je ne t’atteindrai pas

Vas-tu léviter ?
Vas-tu léviter ?
Vas-tu léviter ?


« Levitate » – L’amour qui s’élève… sans nous

Dans Levitate, 3e chanson de l’album Sundowning, Sleep Token explore la fracture intime entre deux êtres que tout oppose dans leur manière d’aimer : l’un se livre corps et âme, l’autre s’efface, s’élève, échappe. À travers l’image mystique de la lévitation, la chanson met en scène un amour inaccessible, spirituel mais désincarné, où le désir de connexion se heurte à une distance insurmontable. Le texte oscille entre supplication, résignation et lucidité, révélant un lien déséquilibré, où la mémoire, le corps et les émotions ne sont pas partagés à égalité.
Cette lévitation, loin d’être un envol commun, devient alors une métaphore de la fuite, du deuil, et de l’abandon.

Une prière d’abandon face à l’inaccessibilité de l’autre

« Levitate » peut être entendu comme une imploration douloureuse adressée à une personne aimée qui semble constamment s’élever au-delà du lien, fuir l’intimité ou l’engagement, et s’éloigner d’un amour qui, lui, reste viscéral et incarné. Le terme « léviter » évoque à la fois l’élévation spirituelle et le détachement émotionnel. Ce double sens crée une tension : tandis que l’autre s’élève, le narrateur est abandonné au sol, dans un corps brisé, une mémoire vive, un attachement désespéré.

Thèmes développés

1. La dissociation ou le détachement émotionnel

« And I can tell you won’t remember my cracking bones / The trauma we can’t regrow / Just as you leave again, no »

Ces lignes traduisent une dissymétrie : tandis que le narrateur ressent le lien dans sa chair (jusqu’à l’image des os qui craquent), l’autre semble détaché, presque amnésique. Il y a l’idée d’un traumatisme partagé, mais que l’un refuse ou ne peut affronter. Cela évoque une relation marquée par l’évitement émotionnel ou la dissociation, fréquente dans les récits d’amour brisé que Vessel construit.

2. L’amour simulé, l’illusion de la réciprocité

« And we imitate / A story of perfect days / A ballad we fabricate »

Il y a une critique de la mise en scène du bonheur : les « jours parfaits » ne sont qu’un décor, une construction fragile. On fait « comme si », mais tout sonne faux, comme dans un couple où les gestes ne veulent plus rien dire, où l’amour est mimé plutôt que vécu. C’est profondément tragique : même les mots de l’autre se dérobent.

3. La quête d’élévation… ou la fuite

« Will you levitate? / Up where my love doesn’t matter »

La lévitation devient ici le symbole de l’inaccessibilité ultime : la personne aimée se retire dans un ailleurs (céleste ? spirituel ? émotionnellement fermé ?), là où l’amour du narrateur n’a plus de prise. L’image des anges peut évoquer une dimension sacrée, mais aussi une forme de mort symbolique — ou le désir d’échapper à la souffrance par l’effacement de soi.

Lecture alternative : un deuil impossible

On peut également lire « Levitate » comme un chant de deuil, au sens littéral. La personne est peut-être morte (ou partie définitivement), et la lévitation serait alors le passage vers un autre plan d’existence. L’impossibilité de « la rejoindre », le « flood » qui submerge, les « cracking bones » et le « trauma » seraient les rémanences du chagrin. L’autre s’élève vers un ailleurs — vers l’oubli — pendant que le narrateur reste enchaîné au souvenir.

« Levitate » parle d’un amour asymétrique, fantomatique, où l’un s’abandonne totalement pendant que l’autre se détache, s’élève, fuit. Le corps et le cœur du narrateur sont à vif, tandis que l’autre devient intangible, inatteignable. Vessel ne demande pas « reviens », il demande : « Veux-tu t’élever ? Même si je ne peux pas te suivre ? », comme une manière de lâcher prise dans la douleur.


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